Un cuir d'ananas français

Un cuir d'ananas français

Peut-être un futur fournisseur de Parerga, Clément Colin a inventé une nouvelle façon d'utiliser la peau de l'ananas pour créer des accessoires de maroquinerie. C'est différent de Pinatex, plus brut, moins proche du cuir, mais on aime. 

Depuis trois ans, Clément Colin développe un business unique avec son entreprise Moonkey Créations, à Argol (Finistère) : il fait de la maroquinerie et des bijoux avec des peaux de fruit. Prochainement, il aimerait pouvoir transmettre ce savoir singulier.

« Il n’y a pas de mauvais matériaux, que de mauvaises utilisations », explique, tout sourire, Clément Colin. Faire de la maroquinerie avec de la peau de fruit ? À première vue, l’idée peut laisser sceptique, mais pour ce jeune de 29 ans, originaire de la banlieue de Brest (Finistère), c’est le futur.

Vivant à Argol, il se désigne comme un « artisan, designer et écologue ». Depuis trois ans, sous la marque Moonkey Créations, il utilise la peau de fruit pour créer tout une gamme de portefeuilles, bijoux, lampes… « Le graphisme offert par la nature est vraiment joli », explique-t-il.

En maroquinerie, qui représente la majorité de son travail, il utilise uniquement de la peau d’ananas : « C’est le plus solide et le plus fibreux. » Il travaille aussi la peau du melon, de pomelo ou de l’orange mais seulement pour les bijoux ou les lampes.

Clément Colin vend ses produits uniquement via son site internet et crée aussi des pièces sur commande. Sa dernière création originale : un protège couteau en peau d’ananas bleu et orange.

Transmettre son savoir-faire

S’il a démarré sa microentreprise il y a trois ans, ce n’est que depuis quelques mois qu’il arrive à en vivre. «  Mon projet, ce n’est pas d’être super riche, juste de bien vivre et d’aider les autres ». Son entourage l’a particulièrement soutenu : « Je ne sais pas si je l’aurais continué sans eux. »

Et ce ne sont pas les projets qui manquent à ce passionné de travaux manuels. Prochaine étape pour l’artisan : proposer des stages pour partager son savoir-faire. « Je devrais en prendre un ou deux d’ici mai-juin », précise-t-il. À terme, le maroquinier végétal souhaite exporter ses compétences à l’international.

Mais avant cela, il faut que son processus de création soit breveté, jusque-là il garde le secret de son art. « Je veux conserver la dimension manuelle au cœur de mon activité. » Ce qu’il souhaite à tout prix éviter : que ses produits soient fabriqués à grande échelle, en usine. Une « semi-industrialisation serait le bon entre-deux », explique-t-il.

Matériaux naturels et circuits courts

L’écologie et le respect de la nature sont au cœur de son projet : tous les matériaux sont naturels, responsables et proviennent de circuits courts.

Il récupère les peaux ananas, sa matière première, chez Brésil, l’usine de Rhum arrangé à côté. La colle qu’il utilise est naturelle et faite maison. Les portefeuilles sont doublés avec du liège, issu de petits producteurs portugais. Et le fil de lin est français à 100 %.

Clément Colin fait intégralement les 15 à 18 étapes nécessaires à la création de ses objets. Même sa presse à fruit est manuelle ! Problème : elle ne peut contenir que 18 peaux d’ananas, ce qui représente environ huit portefeuilles et il faut environ trois semaines pour qu’elles sèchent… La prochaine étape : augmenter le nombre de presse !

 

Retrouvez l'article ici :

https://www.ouest-france.fr/economie/artisanat/cet-artisan-breton-cree-des-portefeuilles-a-partir-de-peau-dananas-cd16f244-dd2b-11ee-a459-4d0565cc4317